La médication pour prévenir la transmission du VIH n’est pas accessible aux personnes qui en ont le plus besoin : les barrières qui s’opposent à l’utilisation de la PrEP révélées par l’étude Engage

Vancouver, Colombie-Britannique—En 2016, Santé Canada a approuvé l’utilisation d’un médicament hautement efficace pour prévenir la transmission du VIH. Les études cliniques ont démontré que la prophylaxie préexposition (PrEP) réduit l’infection par le VIH de personnes séronégatives de 86 %. Pourtant, le nombre de nouveaux cas de VIH diagnostiqués au Canada reste stable depuis une décennie.

Les résultats de l’étude Engage — une étude centrée sur la santé sexuelle des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH) —démontre que d’autres actions doivent être entreprises pour rendre la PrEP accessible aux personnes en ayant le plus besoin.

Les données de l’étude Engage, recueillies du mois de février 2017 au mois de mars 2020, démontrent une augmentation de l’utilisation de la PrEP dans les trois villes où l’étude a été menée (Toronto, Montréal et Vancouver) avec une augmentation marquée à Vancouver. Durant la durée de l’étude, l’utilisation du médicament est passée de 14,2 % pour s’établir à 39,3 % à Montréal, de 21,4 % pour s’établir à 31,4 % à Toronto et de 21,7 % pour se chiffrer à 59,5 % à Vancouver. Pourtant, les données recueillies en 2020 démontrent que seulement la moitié (52,1 %) des personnes qui remplissent les critères de prescription de la PrEP ont utilisé le médicament dans les six derniers mois.

« Nous disposons d’une foule de données qui corroborent l’efficacité de la PrEP comme stratégie de prévention du VIH » affirme le médecin de santé publique David Moore qui est un des chercheurs principaux dirigeant l’étude Engage. « Désormais, la priorité est la réduction des barrières concernant l’accès à la PrEP, il faut s’assurer que le médicament se retrouve dans les mains des personnes qui sont le plus à risque de contracter le VIH. »

Le coût de la PrEP, variant d’une province à l’autre, est l’un des obstacles majeurs. En Colombie-Britannique, la PrEP est entièrement défrayée par le régime public d’assurance maladie et médicaments, les personnes qui utilisent le médicament n’ont rien à débourser depuis janvier 2018. Le programme de gratuité de la Colombie-Britannique, une première au Canada, s’est accompagné d’une importante campagne de sensibilisation au VIH et de promotion du dépistage, ainsi que par la formation des professionnel·le·s de la santé qui travaillent avec les gbHARSAH. À ce jour, on recense plus de 5000 nouveaux utilisateurs de la PrEP, dont 99 % sont des gbHARHAH.

Dans les autres provinces, les coûts du médicament varient. Par exemple, au Québec le régime public d’assurance médicaments couvre une partie des coûts, mais les patient·e·s doivent payer une somme de 95 $ par mois pour prendre la PrEP en continu. En Ontario, les personnes âgées de 25 ans et plus qui n’ont pas d’assurance privée doivent débourser 250 $ par mois. Le nombre beaucoup plus élevé d’utilisateurs de PrEP en Colombie-Britannique suggère que la couverture complète par le régime d’assurance-médicaments public ainsi que la sensibilisation et la formation des professionnel·le·s de la santé assureraient un plus grand recours à la PrEP, ce qui réduirait ainsi le nombre de nouveaux diagnostics du VIH.

À cet effet, le gouvernement fédéral doit jouer son rôle qui est de financer les organismes communautaires. Ces organismes sont souvent le premier point de contact pour les personnes gbHARSAH qui désirent mettre en place une stratégie de prévention du VIH.

« Nous avons les outils pour prévenir la transmission du VIH au Canada », affirme Daniel Grace, professeur à l’école de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. « Nous devons désormais travailler à réduire les multiples obstacles, comme les barrières financières, sociales et structurelles, pour que toutes les communautés au Canada aient accès de façon équitable aux stratégies de prévention et au traitement du VIH. Nous avons donc besoin d’un engagement ferme du gouvernement fédéral et des provinces à financer les organismes communautaires et à rendre la PrEP gratuite pour les personnes qui en ont le plus besoin. »

Pour une entrevue, veuillez communiquer avec :
Cameron Schwartz (cameron.schwartz@cbrc.net)

Engage
11 août 2022