Revue Scientifique et Résumés

Taux de vaccination chez les hommes gais, bisexuels et autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes à Montréal, Toronto et Vancouver de 2017 à 2019

Grewal, R.; Deeks, S.L.; Hart, T.A.; Cox, J.; De Pokomandy, A.; Grennan, T.; Lambert, G.; Moore, D.; Brisson, M.; Coutlée, F.; Gaspar, M.; George, C.; Grace, D.; Jollimore, J.; Lachowsky, N.J.; Nisenbaum, R.; Ogilvie, G.; Sauvageau, C.; Tan, D.H.S.; Yeung, A.; Burchell, A.N.. Vaccine. 2021. ScienceDirect.

Introduction: En 2015-2016, les plus grandes provinces canadiennes ont mis en place des programmes de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH) financés par des fonds publics. Cette campagne vise les hommes gais, bisexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HGBA) d’au plus 26 ans. Nous avons cherché à décrire le recours au vaccin contre le VPH par les HGBA et à déterminer les facteurs qui facilitent ou découragent la prise d’une première dose. Pour ce faire, nous avons examiné principalement les questions d’accès aux soins de santé et leur utilisation.

Méthodes: Engage est une étude sur un échantillon de HGBA âgés d’au moins 16 ans, vivant dans trois villes canadiennes. Les participants ont été recrutés de 2017 à 2019 grâce à un échantillonnage déterminé selon les répondants (en anglais, RDS). Au départ, les hommes ont rempli un questionnaire détaillé. En fonction de l’admissibilité au vaccin subventionné (26 ans ou moins : admissible à la vaccination gratuite; 27 ans ou plus : non admissible), nous avons décrit le niveau de vaccination contre le VPH (partiellement vacciné : 1 à 2 doses; entièrement vacciné : 3 doses) et avons exploré les facteurs associés à la prise du vaccin en utilisant la régression de Poisson. Toutes les analyses ont été pondérées grâce à l’estimateur RDS II de Volz et Heckathorn.

Résultats: Dans l’ensemble des trois villes, entre 26 et 35 % des hommes d’au plus 26 ans et entre 7 et 26 % des hommes de 27 ans et plus étaient partiellement vaccinés. En contrepartie, entre 14 et 21 % des 26 ans et moins et entre 2 et 9 % des 27 ans et plus étaient entièrement vaccinés. Le recours à une première dose de vaccin était très souvent associé à un test de dépistage pour les ITSS ou le VIH, ou à une visite chez un spécialiste du VIH au cours des six derniers mois (≤26 : ratio de prévalence [RP] = 2,15 – 95 % d’intervalle de confiance [IC] 1,06–4,36; ≥27 : RP = 2,73, 95 % IC 1,14–6,51) et à une vaccination contre l’hépatite A ou B (≤26 : RP = 2,88, 95 % IC 1,64–5,05; ≥27 : RP = 2,03, 95 % IC 1,07–3,86). Chez les hommes de 27 ans ou plus, la première dose était également corrélée positivement à l’accès à la PrEP, pour ceux vivant à Vancouver ou Toronto, mais corrélée négativement chez ceux qui s’identifiaient comme latino-américains et ceux qui étaient plus âgés. Les hommes de 27 ans ou plus qui avaient une assurance privée étaient deux fois plus nombreux à avoir reçu une ou deux doses de vaccin par rapport à ceux qui n’en avaient pas.

Conclusions: Dans les trois villes, entre 65 et 74 % des hommes admissibles au vaccin subventionné n’étaient pas vaccinés contre le VPH en 2019. Le coût élevé du vaccin peut en partie expliquer le taux encore plus faible de vaccination parmi les hommes de 27 ans et plus. Les hommes qui ont recours à des services en santé sexuelle étaient plus susceptibles de se faire vacciner; donc combiner la vaccination avec ces services pourrait permettre d’améliorer le taux de vaccination contre le VPH.

Soixante-cinq à 74 % des hommes éligibles à un vaccin financé par l’État dans les trois villes n’étaient toujours pas vaccinés contre le VPH en 2019. Le coût élevé du vaccin peut expliquer en partie une prise en charge encore plus faible chez les hommes ≥ 27 ans. Les hommes recherchant des soins de santé sexuelle étaient plus susceptibles d’initier la vaccination ; regrouper la vaccination avec ces services pourrait contribuer à améliorer l’adoption du vaccin contre le VPH.

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