Sang, J. M.; McAllister, K.; Wang, L,; Barath, J.; Lal, A.; Parlette, A.; Noor, S. W.; Apelian, H.; Skakoon-Sparling, S.; Hull, M.; Moore, D. M.; Cox, J.; Hart, T. A.; Lambert, G.; Grace, D.; Jollimore, J.; Hogg, R. S.; Lachowsky, N. J.. Journal of the International AIDS Society. 2022. Wiley Online Library.
Introduction : Au Canada, l’accès à la prophylaxie préexposition (PrEP) est un enjeu complexe, puisque la couverture et la prestation du traitement dans le cadre du régime public varient d’une province à l’autre. En janvier 2018, la Colombie-Britannique (C.-B.) a rendu la PrEP entièrement gratuite grâce au financement public. Pendant ce temps, son accès en Ontario et à Montréal est demeuré restreint et exigeait parfois des frais supplémentaires. Nous avons fait une analyse temporelle des variations dans l’utilisation du médicament tout en évaluant les facteurs de sensibilisation et de recours à la PrEP.
Méthodes : Une méthodologie d’échantillonnage basée sur les personnes interrogées (RDS) a servi à recruter des hommes gais, bisexuels et des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) à Toronto, Vancouver et Montréal, au Canada. Ces derniers ont participé à une étude biocomportementale de cohorte prospective. À l’aide d’équations d’estimation généralisées de données hiérarchiques (chaîne RDS, répondant, visite), nous avons étudié les tendances temporelles de recours à la PrEP et les corrélats de sensibilisation et d’utilisation de la PrEP entre 2017 et 2020 parmi les HARSAH dont le statut sérologique autodéclaré était négatif ou inconnu.
Résultats : Des 2 008 HARSAH dont le statut sérologique autodéclaré était négatif ou inconnu au début de l’étude, 5 093 d’entre eux ont effectué des visites dans le cadre de l’étude de février 2017 à mars 2020. Au départ, la sensibilisation générale à la PrEP était de 88 % et l’utilisation de celle-ci se situait à 22,5 %. Au cours de l’étude, nous avons constaté une augmentation de l’utilisation de la PrEP dans toutes les villes (tous p<0,001) : Montréal a augmenté de 14,2 % au cours du premier intervalle à 39,3 % au cours du dernier intervalle (p<0,001), Toronto de 21,4 % à 31,4 % (p<0,001) et Vancouver de 21,7 % à 59,5 % (p<0,001). Pendant la durée de l’étude, les HARSAH de Vancouver ont été plus nombreux à avoir recours à la PrEP que ceux de Montréal (RCC = 2,05, 95 % IC : 1,60-2,63), sans différence significative entre les HARSAH de Toronto et de Montréal (RCC = 0,90, 95 % IC = 0,68-1,18).
Conclusions : La gratuité totale de la PrEP en raison de son financement public en Colombie-Britannique a fort probablement contribué aux variations de sensibilisation et d’utilisation de la PrEP. Hausser le financement public de la PrEP semble faciliter l’accès et le recours à ce traitement parmi les HARSAH les plus à risque d’infection.